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Challenge ABC 2008
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31 mai 2008

La liste de Chatperlipopette

L'an passé était l'année de la découverte du Challenge ABC: c'est au fil des mois que je me suis aperçue que ce n'était pas chose facile que te tenir le rythme de lecture. En effet, entre les lecture du défi et celles qui s'ajoutent de façon intempestive tout au long de l'année, le jonglave s'avère être du grand art!

Cette année pas de thématique non plus hormis celle de diminuer ma Pile A Lire! Félicitations aux courageuses qui se sont lancées dans une thématique!!!!

A    Atkinson K.   "Dans les coulisses du musée" LU

B    Boulganov Mickael     "Le maître et Marguerite"  LU

C   Conrad J.       "Au coeur des ténèbres" LU

D   Dars S.          "Pondichery blues"    LU

E   Evans N.        "L'homme qui murmurait à l'oreille des chevaux"

F   Fuentes C.    "Terra nostra"

G   Germain S.     "Magnus"   LU

H   Harris J.       "Les cinq quartiers de l'orangeLU 

I    Ishiguro          "Les vestiges du jour"  LU

J   Joyce J.        "Gens de Dublin"

K   Kennedy D.    " Les charmes discrets de la vie conjugale"

L   Lodge D.       "Changement de décor"   LU

M  Meur Diane    "Les vivants et les ombres"  LU 

N  Nesbo J        "L'homme chauve-souris"   LU

O  Oz Amos  "Vie et mort en quatre rimes"  LU

P  Perutz L.       "Le cavalier suédois"  LU

Q Quincey T.     "La révolte des Tartares"

R  Rouland N.     "Soleils barbares"

S Saro-Wiwa S   "Lemonia"

T   Trudel S.       "Du mercure sous la langue"  LU

U   Ungar Antonio  "Les oreilles du loup" LU

V   Vallejo F.       "Ouest"

W   Wharton E.  "Le temps de l'innocence"

X    Xinran        "Funérailles célestes"    LU

Y   Yourcenar    "L'oeuvre au noir"

Z   Zamiatine     "L'inondation" ou "Le pêcheur d'homme"

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Commentaires
K
Cette année je ne serai pas parvenue à boucler le challenge!!! Seulement 15 titres sur les 26 lus <br /> :-(<br /> Ce fut une belle aventure même si je ne suis allée jusqu'au bout!<br /> Merci pour toutes ces belles idées de lecture glanées sur les listes!!!<br /> Tous mes voeux de bonheur, santé, amitié et de belles lectures pour cette année 2009!
K
"Le cavalier suédois" de Léo Perutz<br /> <br /> Mittel Europa, début du XVIIIè siècle, les souverains suédois, russe et autrichien guerroient sans relâche. Un gentilhomme suédois et un pauvre hère, brigand à ses heures perdues, cheminent ensemble dans la campagne recouverte de neige et froide comme un linceul. Le premier est à bout de forces tandis que le second, plus rompus aux privations et pérégrinations aléatoires, résiste tant bien que mal au vent glacial. Cahin caha, ils parviennent à trouver refuge dans un moulin apparemment abandonné et réputé pour être hanté par feu le meunier. Cette nuit glaciale n'est pas comme les autres, elle sonne le retour annuel du fantôme du meunier, venant prendre les corps perdus pour les soumettre au joug de l'évêque. Le brigand le sait bien, lui qui a donné ses plus belles années aux forges du prélat!<br /> Pour échapper au meunier, de l'argent est nécessaire...le cavalier suédois n'en possède guère et dépêche son compagnon d'infortune chez son parrain, ami de son son père, en guise de papier d'identité, il lui donne une bible, clef qui lui ouvrira le logis dudit parrain. Le logis lui sera ouvert, par une jolie jeune fille, follement éprise de son compagnon d'enfance, le fameux cavalier suédois, et pathétiquement triste car harcelée par son créancier qui souhaiterait l'épouser. Les sens du messager sont en émoi, les beaux yeux de la belle sont irrésistibles et surtout il ne supporte pas de constater combien sa maisonnée la pille et la dépouille afin qu'elle tombe dans les rets amoureux du créancier! Seulement, il ne possède aucun bien, aucune richesse pour aider le jeune fille. Heureusement, il apprend qu'une troupe de malandrins sera bientôt encerclée et il se hâte d'aller les avertir et d'utiliser son esprit rusé pour parvenir à déjouer le traquenard.<br /> C'est ainsi que commence l'incroyable histoire d'un cavalier suédois bien versé dans l'agriculture, la gestion d'un noble domaine, le brigandage de haut vol avec doigté et l'usurpation d'identité!<br /> Avec humour et une écriture romanesque délicieusement picaresque parfois, l'auteur joue avec les comportements et les sentiments humains avec une ironie subtile et un bonheur indéniable. Il embarque son héros dans une aventure de brigandage digne d'un Robin des Bois: prendre aux nantis, sans violence et avec humour, afin de se constituer un trésor qui lui permettra d'acquérir le domaine et conquérir l'amour de la jeune fille.<br /> Tout au long du roman, l'ambiance créée par Perutz montre combien le cavalier suédois tremble que le pot aux roses soit un jour découvert. L'usurpation d'identité est un acte qui demande cohérence et doigté et entraîne forcément angoisse et soupçon envers autrui....surtout lorsqu'enfin la vie vous sourit, devient confortable et douce à l'ombre d'une épouse aimante et d'une fillette adorable. Cependant la culpabilité vient hanter le sommeil de l'imposteur qui se voit arriver, en rêve, au Jugement Dernier. La statue du Commandeur n'est guère loin, bien que le personnage ne soit pas, loin s'en faut, du même tonneau que Dom Juan: le mensonge laisse s'épanouir le sentiment de honte et la peur d'une juste et divine punition. Et pourtant, le lecteur se dit souvent que la tendre jeune fille n'a rien perdu au change dans l'usurpation d'identité, bien au contraire!<br /> Ce qui est intéressant c'est de voir combien Leo Perutz a su intégrer les codes du roman fantastique avec ceux du roman policier tout en parsemant l'ensemble de touches picaresques grâce à d'incroyables rebondissements, inattendus, surprenants et jubilatoires. Et, en douceur, par le rire, les scènes émouvantes ou l'atmosphère guerrière, des questions importantes, essentielles sont posées: peut-on échapper à son destin? L'usurpateur, qui a tâté des chaînes de l'évêque, saura-t-il détourner la route de sa destinée ou ne vivra-t-il qu'une parenthèse avant d'être renvoyé à la case départ?<br /> Les rencontres nombreuses avec des fantômes (celui du meunier est particulièrement intéressant: on ne sait jamais s'il est réel ou seulement esprit malin ce qui ajoute à l'angoisse et l'atmosphère inquiétante du roman), les remèdes mâtinés de sorcellerie, sont fabuleuses. Il en ressort un souffle typiquement "Mittel Europa", celui du bouillonnement des pensées et de la créativité, des combats et des conflits qui ont secoué et marqué cette partie de l'Europe...l'odeur de souffre n'est jamais bien loin (brr, les hauts fourneaux des forges de l'évêque sont l'antre des Enfers!).<br /> L'identité est un moyen de s'interroger sur l'être humain: les personnages de "Le cavalier suédois" ne sont pas vraiment dans les normes, se déplacent et surtout cherchent leur place au coeur des moments de crises de l'Histoire, instants décisifs de leur histoire personnelle. Les choix de routes se font, certes, dans la violence et la douleur mais ils montrent combien l'être humain est loin d'être un bloc immuable: un gentilhomme peut s'avérer être bravache et lâche au point de préférer déserter que d'affronter les violences de la guerre; un voleur peut souhaiter revenir dans le droit chemin en utilisant ses armes, celles un peu tortueuses de la ruse et du mensonge.<br /> La lecture est envoûtante: une fois commencée, il est difficile de l'arrêter car le suspense est intense et la construction extraordinaire. Le bateau mené par l'auteur emporte le lecteur dans une aventure dont il ressort époustouflé et heu-reux!
K
"Du mercure sous la langue" Sylvain Trudel<br /> <br /> Un adolescent, presqu'un jeune homme, Frédéric se meurt d'un cancer des os à l'hôpital, entouré d'autres adolescents cancéreux. Dès les premiers mots, la révolte prend à la gorge devant cette jeune vie écourtée, cette vie grignotée par la maladie qui amenuise à chaque opération la hanche de Frédéric.<br /> Frédéric bien sûr est révolté par l'injustice de la loterie de la vie: il la hurle dans les mots qu'il couche sur son cahier lorsque la souffrance est trop grande de se voir partir, comme ça alors que la vie n'est qu'à son aube. Il devient le poète "Métastase" pour résister à la morbidité, pour se faire des anti-corps à coups de poèmes, à coups de mots et d'images à mettre sur l'indicible et inommable, à coups d'humour noir et corrosif.<br /> Les roses sont garnies d'épines, épines que le lecteur reçoit à chaque page lue, le coeur étreint, le coeur serré à la lecture des espoirs qui n'en sont pas, des rêves, du réalisme lumineux d'un Frédéric extraordinaire. Refusant la loghorrée des bons sentiments des uns et des autres, Frédéric apporte réconfort courage et espoir à ceux qui resteront après lui, ses parents comme ses frère et soeur. Une complicité émouvante entre sa grand-mère et lui est peinte en filigrane, entre les poèmes de Métastase et les conversations lors des visites du week-end: le regard d'une aieule qui voit les rôles inversés, le regard d'une grand-mère qui a compris, sans doute parce que sa vie est derrière elle aussi, que la compassion ne doit pas se transformer en gémissements ni en complaisance. Frédéric n'a pas besoin de mettre à nue son âme: sa grand-mère est prête à l'accompagner jusqu'au bout, à lui tenir la main en recherchant pour lui les poèmes de Pietro Metastase dans toutes les librairies du Québec.<br /> A regarder venir vers soi la mort, à petits pas comptés mais sûrs d'eux, forcément, la philosophie et la religion deviennent des questions importantes, même lorsque l'on n'a que dix-sept ans. La religion ne semble être qu'une illusion permettant d'adoucir la vision de la tragique condition d'être humain, tout comme l'aspiration au bonheur, miroir aux alouettes qui s'efface dans le regard de Marilou qu'il ne pourra jamais serrer contre lui mais qui lui offre une image poétique à couper le souffle "L'essence de la vie, c'est la vanille" et devant laquelle son "Je rêvais d'être la Grande Pyramide/ invincible et éternel,/ mais je suis un jardin de porcelaine/ sous une pluie de météorites." s'incline.<br /> Comme on peut être cruel au seuil de la mort, comme on jette aux orties les lambeaux du masque de bienséance: la lucidité, douleur intense, repousse la mièvrerie qui rôde à chaque visite et expose une réalité proche, la disparition injuste d'un jeune être, son accompagnement par ses parents désemparés d'impuissance et de mutisme (on ne peut rien dire face à l'inéluctable qui ne soit que futile parole déplacée).<br /> Sylvain Trudel avec "Du mercure sous la langue" est loin de nous offrir une lecture divertissante mais sait ouvrir les yeux de son lecteur sur sa conscience et la manière de la sonder: sa plume est un scalpel implacable, d'une extrordinaire poésie, qui pousse le lecteur dans ses derniers retranchements tout au long du monologue de Frédéric. Cependant "Du mercure sous la langue" n'est pas un roman dont on sort anéanti, loin de là, c'est un roman qui est un hymne à la vie, à l'envie de vivre, un message apaisant pour ceux qui restent et qui doivent continuer leur route. Frédéric est rempli de tendresse pour son entourage, il l'aime et souhaite le protéger de toute douleur et de toute souffrance. La mort est souvent une grande leçon de vie.<br /> Une lecture poignante, "coup de poing", pendant laquelle il faut lutter pour ne pas être submergé par l'émotion dégagée par la qualité extraordinaire de l'écriture.<br /> <br /> Un auteur à découvrir avec délectation!
K
Je me suis permise, plusieurs fois au cours de ces derniers mois, de changer de titre et d'auteur sur certaines lettres du challenge. De toutes façons les carottes sont cuites pour boucler le challenge 2008, aussi est-ce sans complexe que je me suis fourvoyée ;-)
K
"Dans les coulisses du musée" Kate Atkinson<br /> <br /> La petite Ruby Lennox commence à percevoir le monde qui l'entoure, à comprendre et à sentir, dès la première seconde de sa conception! Elle nous présente les différents membres de sa famille et elle sait qu'il aurait été préférable qu'elle n'existe pas. Sa mère ne la considère que comme un poids, une gêne, une source d'ennuis sans fin. La famille Lennox est une famille anglaise moyenne, ni pire ni mieux que les autres: ses parents tiennent une boutique animalière, ils vivent au-dessus du magasin, ils côtoient les commerçants de leur rue et parfois souhaiteraient avoir plus de confort. La mère est loin d'être éprise de son mari, elle le subit plus qu'elle ne l'apprécie et implicitement lui en veut de l'avoir une fois de plus, une fois de trop, mise enceinte!<br /> Très vite, Ruby ne s'arrête pas à l'histoire de son foyer, dans l'Angleterre des années cinquante, et nous entraîne à la découverte de l'histoire familiale, notamment celle de la famille maternelle ce qui l'amène à remonter le temps à la fin du XIXè. Cela sans se départir de sa verve, de son humour et de sa malice pétillante. Cependant, le lecteur ressent la présence d'une ombre pesant sur le récit de Ruby: l'ombre vient-elle d'un passé récent ou lointain? Concerne-t-elle la vie de Ruby ou celle des ses ancêtres? La réponse à cette lancinante interrogation ne sera livrée qu'à la fin du roman surprenant le lecteur qui se dit qu'il a bien été mené en bateau pendant que les preuves étaient dispersées au fil du roman!<br /> La galerie de portraits dressée par Ruby est d'un drôle irrésistible malgré une réalité bien sombre: son père est un énergumène porté sur la boisson et les femmes, sa mère une étrange femme à la froide apparence, redoutant et exécrant toute idée de grossesse, sa grand-mère est un peu perdue dans ses souvenirs brumeux, ses soeurs lointaines et peu chaleureuses, sa tante omnibulée par ses filles, son oncle un peu visqueux et dégoûtant à vouloir toujours un petit baiser ou une station sur ses genoux! Ruby a le moral pour réussir à grandir et vivre une vie de petite fille normale: les rires, les larmes, les interrogations et les angoisses qui font devenir chaque jour un peu plus grande que la veille.<br /> L'originalité de Kate Atkinson est de construire son roman en étages: les questionnements du précédent reçoivent leurs réponse dans le suivant qui chronologiquement se déroule dans le passé. Le lecteur peut être désarçonné par cette gymnastique inhabituelle mais très vite l'habitude est prise et le procédé n'en est que plus goûteux! Cette danse des voiles du présent expliqué par le passé est amusante et riche en rebondissements plus burlesques parfois les uns que les autres: la vie est un éternel étourdissement digne des montagnes russes. D'ailleurs, la tête tourne au lecteur qui ne sait plus trop où les protagonistes en sont...son plus grand bonheur est de retrouver, au détour d'un mot, le fil conducteur de la pelote-mémoire de la famille de Ruby. Ainsi, certains personnages, comme celui de la mère de Ruby, amènent l'empathie du lecteur lorsque ce dernier découvre que la vie n'a pas persemé de roses leurs chemins et que l'Histoire les a plus que ballottés!<br /> Kate Atkinson et Ruby entraînent joyeusement le lecteur dans le musée personnel de cette dernière: les tableaux ne sont pas de la main d'un maître mais ils sont peints avec les heurs et malheurs d'une famille modeste et des couleurs certes vives qui cachent des zones d'ombre épaissies du mystère du silence familial: la généalogie est une aventure qui dévoile secrets et mensonges par omission sans que l'on y soit vraiment préparé. Aussi apparaissent en filigrane les existences gâchées par le manque d'amour, les sentiments tus et surtout inavoués ou encore par une immense solitude....le besoin d'amour et de tendresse est imprimé au plus profond de l'être humain et Ruby n'aura de cesse que d'être aimée et reconnue.<br /> "Dans les coulisses du musée" est mon premier roman de Kate Atkinson et je dois avouer que cette lecture fut jubilatoire et que j'ai beaucoup ri malgré la toile de fond tragique de cette histoire familiale. En effet, je ne peux repenser qu'avec délectation le récit des vacances écossaises de la famille Lennox partie en compagnie de ses voisins: ce sont des pages d'anthologie d'humour noir, grinçant et caustique à souhait! <br /> <br /> Un roman à lire et un moment de lecture joyeuse et intense en émotions!
Challenge ABC 2008
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